vendredi 30 mars 2018

VENDREDI SAINT : la Passion, la Mort et l'ensevelissement de Notre Seigneur

Carl Bloch, l'ensevelissement du Fils de Dieu


De Paul Claudel

Tu ne saurais effacer de ton cœur une certaine image,
Et cette image n’est autre que celle imprimée sur le linge de Véronique.
C’est une face fine et longue et la barbe entoure le menton d’une triple touffe.
L’expression en est si austère qu’elle effraie, et si sainte
Que le  vieux péché, en nous organisé,
Frémit jusque dans sa racine originelle, et la douleur qu’elle exprime est si profonde
D'après la sainte Face du Saint Suaire de Turin
Qu’interdits, nous sommes comme des enfants qui regardent pleurer, sans comprendre, le père : il pleure !
Tu voudrais en vain, ô Ivors, déployer devant ces yeux la gloire et l’éclat de ce monde.
Ces yeux qui, en se levant, d’un regard ont créé l’Univers,
Sont maintenant baissés, et de sévères larmes en descendent;
Du front suintent des gouttes de sang.
Mais, considère, ô mon fils, la bouche de ton Dieu, la bouche, ô mon fils, du Verbe.
Quelle amertume elle savoure, quelle parole à elle-même ineffable elle goûte.
Car les lèvres au coin droit s’entr’ouvrent en un sourire atroce.
Comme il pleure de tout son être laissant échapper la salive comme un enfant !
Il n’y a point de pain pour nous, ô mon fils, tandis qu’il nous restera cette douleur à consoler.
C’est la douleur du Fils de l’Homme qui a voulu goûter et revêtir notre crime.
C’est la douleur du Fils de Dieu
De ne pouvoir présenter à son Père tout l’homme dans le mystère de l’Ostension.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire