dimanche 26 novembre 2017

Ô Christ - Roi de l'Univers - aie pitié de nous !


De Dom de Mauléon

Autrefois, cette royauté universelle du Christ était proclamée à tout venant par le crucifix dont les bras s’étendaient sur les écoles, les tribunaux, les assemblées publiques.

Le Christ-Roi, en effet, se confond avec le Christ crucifié, et le trône de notre Souverain n’est que la croix sur laquelle il est mort.

Sa présence rappelait aux maitres la nécessité d’accorder leur enseignement avec la vérité éternelle, et l’obligation où ils seront un jour de rendre compte au Verbe de ce qu’ils auront dit. Elle rappelait aux juges la redoutable éventualité du Jugement général, où toutes leurs sentences seront révisées par Celui qui sonde les reins et les Cœurs. Elle rappelait aux législateurs leur devoir de travailler sans cesse en fonction de l’Ordre éternel fixé par Dieu, et avec le souci constant de conduire les hommes sur le chemin du salut.

Ainsi le Christ, silencieusement, du haut de cette croix à laquelle il s’est laissé clouer pour l’amour de nous, diffusait un rayonnement de justice et de miséricorde sur le gouvernement des peuples, et sa présence était pour tous une garantie de paix.


Mais hélas! on a enlevé le crucifix des tribunaux et des Parlements, comme on l’a enlevé des écoles et des hôpitaux. Au mépris de toute justice, au mépris de l’évidence, on a fait du Christ un ennemi de la société humaine. On a oublié  qu’après avoir dit " Rendez à Dieu ce qui est à Dieu", il avait dit aussi " Rendez à César ce qui est à César", et que sa doctrine était le seul fondement possible de l’autorité.

On a repris contre lui la politique des Princes de sa nation, telle que le Psalmiste l’avait annonée dix siècles à l’avance : " Les rois de la terre se sont dressés, et les princes se sont concertés contre le Seigneur Dieu, et pour faire périr son Christ. Brisons - ont ils dit - les liens dont ils veulent nous enlacer, et rejetons loin de nous le joug de leur loi. " Ps. II 2,3) On l’a fait entendre à nouveau, sans songer aux conséquences qu’avait entrainées pour les juifs ce solennel reniement.

Dieu, en effet, semble vouloir les prendre au mot, lorsque, devant Pilate, insensibles aux traitements odieux subis par l’homme qui, depuis trente-trois ans, les comblait de bienfaits, ils proclamèrent à l’envi : "Non habemus regem nisi Caesarem, nous n’avons d’autre roi que César." (Jean XIX.15) Puisque vous voulez César, ô Juifs, vous aurez César.

"Voici que le Seigneur a  été rempli de colère contre son peuple, avait dit, dans l’une de ses visions, le prophète Isaïe... Et il a fait signe au peuple qui domine les extrémités de la terre - (c’est à dire au peuple romain) - et voici qu’une armée composée de toutes les nations s’avance à marches forcées. Nul ne peine, nul n’est fatigué parmi ces soldats: ils ne prendront ni le temps ni de dormir, ni de sommeiller, ni de défaire le baudrier de leurs reins. Les courroies de leurs chaussures ne se corrompt pas. Leurs flèches sont perçantes et tous leurs arcs sont bandés. Les sabots de leurs chevaux sont durs comme la pierre et les roues de leurs chars ressemblent au bruit de la tempête. Le rugissement de cette armée est semblable à celui des lions, elle rugira comme les petits des lions. Elle frémira, elle saisira sa proie, elle l’embrassera étroitement et personne ne sera capable de la lui enlever. (Is. V 26-29)

Voici qu’ils font venir en effet, ces soldats romains les plus redoutables alors de l’univers. Avant un demi-siècle ils seront sous vos murs et le siège de Jérusalem dépassera en horreur les horreurs de tous les temps. Mais quand enfin, ajoutant la guerre civile à la guerre du dehors, vous vous entre-tuerez vous-même dans la ville encerclée; quand la famine atteignant ses dernières limites, conduira une mère à manger son propre enfant; quand le nombre des Juifs crucifiés par Titus ne permettra plus, les arbres manquant de faire des croix; quand le flot des Romains, pénétrant dans la ville après un suprême assaut, aura massacré au hasard les enfant et les femmes, les riches et les pauvres, les prêtres et le peuple; quand la gloire de la Judée, le Temple magnifique par Salomon, ne sera plus qu’un brasier immense; quand de la cité sainte il ne restera pas pierre sur pierre; quand la dure main de César, s’abaissant sur vous de tout son poids, aura transformé en désert la terre où vous vivez.. alors, mais alors seulement, vous pourrez dire en vérité : "Non habemus regem nisi Caesarem, nous n’avons pas d’autre roi que César…"

Tragique leçon, qui montre bien le sort auquel s’exposent les peuples lorsqu’ils ne veulent pas accepter la royauté du Fils de Dieu.

Ils se condamnent eux-mêmes aux plus dures oppressions : en raison du besoin absolu où se trouvent les hommes d’avoir un chef pour gouverner la marche de leur société, ceux qui repoussent le Christ se livrent nécessairement à César.

César : entendez par là tout pouvoir - monocéphate ou polycéphate, peu importe - tout pouvoir qui, cessant de se considérer comme un intermédiaire entre l’homme et Dieu, se prend lui-même comme fin et absorbe à son profit la force de la nation ; vrai César en effet - comme le dit le mot - qui tue dès sa naissance la mère dont il reçoit la vie.

A qui veut éviter un sort semblable, un seul moyen se présente : celui que propose le Souverain Pontife, le retour au Monarque dont "le joug est suave et le fardeau léger", au Roi de la paix, au Christ Jésus.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire