dimanche 10 juillet 2016

Homélie pour les Ordinations diaconale et presbytérales à Evreux


Homélie de l’ordination diaconale de Ludovic Bazin
et des ordinations presbytérales de Frère Samuel et de Jimmy Faucillers

Ludovic, Jimmy, Frère Samuel, vous nous invitez à vivre vos ordinations diaconales et presbytérales dans le cadre de la fête de la naissance de Saint Jean Baptiste

Jésus dit de lui, son cousin, qu’il est le plus grand de tous les prophètes. Sa naissance manifeste la fidélité de l’amour de Dieu pour notre humanité. Comme l’écrit le prophète Isaïe, Dieu anticipe toujours, avant que nous en ayons conscience, les bienfaits dont Il nous comble. «J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom».

Jean est ainsi choisi par Dieu dans la réalisation de son projet de salut à notre égard. La naissance de cet enfant chez ce couple âgé d’Elisabeth et de Zacharie est un don merveilleux de Dieu, en conformité à la promesse qu’ils ont reçue. Tous deux en donnent un signe incontournable. La mère et le père de l’enfant, sans concertation préalable, à l’étonnement général de leur entourage, décident le même prénom pour leur enfant. «Il s’appellera Jean», déclare la mère. Son nom est Jean, écrit Zacharie sur la tablette qu’on lui tend avant de retrouver aussitôt la parole. Jean est choisi par Dieu pour préparer son Peuple élu à accueillir l’Unique Sauveur attendu depuis longtemps, le Messie promis aux ancêtres.

Jimmy, Samuel, Ludovic, vos cheminements sont différents. Ils sont pour nous l’expression de la fidélité même de Dieu à l’égard de son Eglise. Quelques soient leurs situations, Jésus appelle toujours des hommes à tout quitter pour le suivre, pour devenir pécheurs d’hommes, pour être pasteurs de ses brebis. Cet après-midi, la prière joyeuse et fervente de notre assemblé traduit notre action de grâce.

Samuel, Ludovic, Jimmy, vous êtes pour notre Eglise diocésaine un don de Dieu. Ni vous, ni nous n’avons à en tirer orgueil ! Nous avons conscience que ce don est gratuit. Il nous incite à poursuivre notre prière pour accueillir les vocations dont nous avons besoin. Ce sera d’ailleurs l’accent majeur de notre démarche pastorale, l’an prochain,  tout en poursuivant notre engagement dans l’Année Sainte de la miséricorde.

Messe du Pape saint Grégoire le Grand ; vision du Christ en sa Passion
Notre prière est aussi une prière d’intercession ! Nous demandons à Dieu que, grâce à l’Esprit Saint qui vous consacre dans le «ministère ordonné», vous accomplissiez les missions qui vous seront confiées avec courage, disponibilité, simplicité et obéissance, comme vous allez le promettre. Evangéliser, c’est faire retentir cet appel à accueillir le Christ. Pour cela, il convient d’abord de l’accueillir soi-même au cœur d’une Eglise diocésaine unie et fraternelle.

La mission de Jean Baptiste se déroule dans le désert. Un lieu d’épreuves où l’être humain, éloigné de ses contemporains, est seul dans sa rencontre avec Dieu et où toutes sortes de difficultés peuvent surgir.

Notre diocèse connaît des zones rurales qui se dépeuplent. N’ayez aucune crainte ! Vous ne serez jamais seul dans un désert géographique. Par contre, vous pourrez faire l’expérience de déserts d’un autre type ! Les déserts culturels, païens : bon nombre de nos contemporains manquent de repères pour vivre, cherchent un sens à leur existence, d’autres vivent dans la révolte, l’indifférence ou se réfugient dans l’instant présent, en zappant dès qu’ils en ont envie ! Il existe aussi celles et ceux qui subissent des conditions de vie douloureuses, injustes, précaires à cause des violences, de la maladie, du chômage, du manque de logements ou de papiers… Dieu n’est pas connu ou semble absent dans ces différents univers. Ceux qui s’y trouvent sont tout autant que nous aimés de Dieu (ils ont eux aussi droit à sa tendresse). Nous avons par la parole et des gestes concrets à leur annoncer la joie de l’Evangile ; l’Evangile de l’espérance, comme nous l’a évoqué le Fère Bernard, le prédicateur de notre retraite spirituelle à la Trappe.

Ordination des premiers diacres par Saint Pierre, vitrail
Il serait présomptueux de laisser penser que nous avons la solution pour ces situations de détresses, que nous répondons à toutes les questions qui se posent. Nous ne savons pas avec clarté ce que sera l’avenir de notre humanité et ce que sera l’Eglise en son sein. Ce qui demeure essentiel, c’est que nous savons en qui nous avons mis notre espérance. Notre espérance, nous la mettons en Jésus le «Bon Pasteur». Il est et sera toujours avec nous.

Lors du jubilé des prêtres et des séminaristes qui a eu lieu à Rome, au cours de la messe de la Solennité du Sacré Coeur, le Pape François a invité les participants à regarder vers où pointe la boussole du cœur d’un prêtre. Devant le Cœur de Jésus naît l’interrogation fondamentale de notre vie sacerdotale : où est orienté mon cœur ?

Le ministère observe, le Pape François, est souvent rempli de multiples initiatives qui l’exposent sur de nombreux fronts: de la catéchèse à la liturgie, à la charité, aux engagements pastoraux et aussi administratifs. Parmi tant d’activités, demeure la question : où est fixé mon cœur ? La réponse du Pape est claire et simple ! Le cœur du pasteur du Christ connaît seulement deux directions : «le Seigneur et les gens».

Messieurs les abbés, tout est prêt !
Le cœur du prêtre est un cœur transpercé par l’amour du Seigneur. Pour cela, il ne se regarde plus lui-même, il est tourné vers Dieu et ses frères. Ce n’est plus un cœur instable qui se laisse attirer par la suggestion du moment ou qui va, çà et là, en cherchant des consensus et de petites satisfactions. C’est au contraire un cœur établi dans le Seigneur, captivé par l’Esprit Saint, ouvert et disponible aux frères.

Tous les trois au Séminaire, vous avez bénéficié, pour votre vie spirituelle, du soutien d’un père spirituel et  de la communauté avec des horaires fixes. Dans le ministère, vous devrez désormais établir ces appuis qui sont indispensables. La qualité de notre propre vie spirituelle imprègne notre ministère, à savoir ces deux directions dont parle le Pape François : le Seigneur et les gens.

C’est de notre être profond dont nous devons prendre soin pour demeurer unis au Christ et au service de  nos frères. Nous sommes d’abord au Christ pour être à nos frères. Veillez à ne pas vous laisser emporter par le torrent de tout ce qu’il y aurait à entreprendre ! Privilégiez votre intimité avec le Christ : dans la prière, l’adoration,  la méditation de la Parole de Dieu ;  les sacrements : de la réconciliation et de l’eucharistie. Ne restez pas seuls !

C’est ainsi que l’Esprit Saint vous éclairera dans les discernements à opérer pour la mission qui vous est confiée.
C’est ainsi que vous serez des pasteurs selon le Cœur de Jésus, rayonnant la joie et l’amour miséricordieux du Père.

+ Christian NOURRICHARD
Evêque d’Evreux





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