jeudi 12 mars 2015

Et ne nous laisse pas succomber à la tentation, mais délivre-nous du Mal !

Détail de la dernière tentation du Christ : "le Bien et le Mal s'affrontèrent dans un combat prodigieux" (Victimae paschali)

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’Homme de Dieu », partie III, chap. 5,
De la force du zèle du Père Seurin, qui l’engagea à une cruelle guerre contre l’enfer,
et de la grâce de sa vocation à une entreprise si difficile


Cette guerre si redoutable (NB. Contre le démon et le péché) est commune à tous les hommes ; elle nous est commune, mon cher lecteur, à vous et à moi. Hélas ! y pensons-nous ? hélas ! les hommes y pensent-ils, ces hommes qui vivent dans l’aise comme s’ils n’avaient aucun ennemi à combattre, qui se jettent eux-mêmes dans leurs pièges qu’ils leur tendent par les richesses, par les honneurs et les plaisirs qui s’en laissent surprendre si volontiers, s’arrêtant aux bagatelles du monde dont ils les amusent, qui s’en laissent enchanter par les choses temporelles.

Je ne m’étonne pas après cela de la vision du grand saint Antoine, l’honneur des déserts et l’ornement de la vie solitaire à qui Dieu fit voir le diable d’une forme monstrueuse, dont la tête touchait les nues et les bras s’étendaient d’une façon immense dans les airs et qui, en même temps que les âmes qui lui étaient aussi montrées sous des figures corporelles, s’élevaient vers le ciel, les relançait d’une manière impétueuse sur la terre en sorte qu’il n’y en avait presque pas une qui échappât des mains cruelles de ce monstre d’enfer, ce qui donna lieu au grand saint de s’écrier :
« O mon Dieu, qui pourra échapper des mains de ce tyran ? »

Détail, le démon essayant d'arracher une
âme à l'Archange Saint Michel.
Ah ! qu’il faut être humble pour obtenir les grands secours de Dieu qui nous sont nécessaires ! qu’il faut être détaché de toutes choses pour ne lui pas donner de prise ! qu’il faut avoir de solide vertu pour en remporter la victoire !

Faites un peu de réflexion, vous qui lisez ces vérités dans quel état vous êtes. Voilà la guerre commune à tous les hommes avec les démons, mais celle du Père Seurin avec les esprits d’enfer a été extraordinaire, ayant eu à les combattre dans la possession des religieuses, et dans la possession et obsession qu’il en a lui-même soufferte.

De plus il a eu affaire avec les plus puissants démons de l’enfer : Léviathan et Béhémot, dont il est parlé dans le livre de Job, et d’une manière effroyable en deux chapitres entiers. Il suffit de dire ici que l’Ecriture nous assure qu’il n’y a point de force en terre qui égale leur puissance.

Cependant, c’était avec ces puissances que le Père avait à combattre ; il y avait quelque temps qu’il était déjà obsédé par les démons lorsque la déclaration ouverte de la guerre se fit. Un soir, dans un parloir qui répond à l’église des religieuses, en la seule présence de Dieu et de ses anges, c’est là que se donna le défi général d’un combat bien étrange qui devait durer de longues années.
« J’ai commencé, lui dit le démon, à te faire sentir mon pouvoir ; mais tu verras bien d’autres choses, j’ai bien d’autres forces que tu ne penses ! Tout l’enfer se bandera contre toi, je me servirai même des magiciens, je te rendrai tout à fait misérable, le traitement que je te ferai sera si rude et si étrange que tu auras tout lieu de te repentir de ton entreprise et tu seras contraint toi-même de demander à en sortir ; je ferai contre toi des choses si extraordinaires et si inouïes que ceux de qui tu dépends, à qui nous donnerons comme il faut de l’émotion contre toi, seront obligés de te faire quitter ; tu en sauras bientôt des nouvelles»

Mais le Père, demeurant dans une fermeté inviolable, sans aucunement s’étonner, lui répondit :
Le Christ exorcisant et chassant le démon par sa Croix, enluminure d'un
Pontifical à l'usage des diocèses de Beauvais et de Lisieux, XIIIe siècle
« Je ne crains point toutes tes menaces, tous les tourments dont tu penses m’épouvanter ne servent qu’à me redoubler le courage puisqu’il n’y a rien que je désire davantage. »
… Le Père avait mis toute sa confiance en celui en qui l’on peut tout, ainsi il ne craignait rien ; ainsi il disait au démon :
« Si tu as l’enfer et la magie contre moi, j’ai pour moi le ciel et ses anges. »

Et il avait Jésus-Christ, le Dieu du ciel, c’est ce qui faisait qu’il se moquait même des démons !
Une sainte âme avait eu une connaissance surnaturelle des maux extrêmes qu’il devait souffrir, dont la seule idée la laissa dans une grande frayeur, mais elle fut consolée en voyant une main céleste étendue sur lui qui le protégeait.



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