dimanche 1 février 2015

Temps de la Septuagésime

Les Catholiques suivant le calendrier en forme extraordinaire de l’unique rit romain entrent, ce dimanche, en Septuagésime. Le Gloria et l’alleluia sont bannis de la liturgie et le violet réapparait, couleur de pénitence et de supplication.

Ce temps de 70 jours rappelle les 70 années d’Exil à Babylone du peuple de Dieu. Il inaugure, en douceur, le Carême – temps de pénitence de 40 jours – qui nous unit au Christ se battant contre le démon durant ce temps au désert.


Destruction du Temple de Jérusalem, Francesco Hayez

Des fêtes qui arrivent pendant le temps de la déviation par Mgr Jacques de Voragine, « La Légende dorée »


Après avoir parlé des fêtes qui tombent dans le temps contenu en partie sous le temps de la réconciliation et en partie sous le temps du pèlerinage, temps que l’Église célèbre depuis la naissance de J.-C., jusqu'à la Septuagésime, il reste à parler des fêtes qui arrivent pendant le temps de la déviation, commençant à Adam et finissant à Moïse, temps que l’Église reproduit de la Septuagésime jusqu'à, Pâques.

La Septuagésime

La Septuagésime désigne le temps de la déviation, la Sexagésime le temps du veuvage, la Quinquagésime le temps de la rémission, la Quadragésime le temps de la, pénitence spirituelle. La Septuagésime commence au dimanche où l’on chante pour Introït Circumdederunt me, et finit le samedi après Pâques.

L'Exil à Babylone
(…) C'est pour indiquer la déviation, l’exil et la tribulation de tout le genre humain depuis Adam jusqu'à la fin du monde. (…) Comme ce fut au sixième âge du monde que J.-C. nous a délivrés de cet exil par le moyen du baptême, avec l’espoir de la récompense éternelle, en nous rendant la robe d'innocence, ce ne sera cependant qu'après avoir consommé le temps de notre exil qu'il nous décorera pleinement de l’une et de l’autre robe. C'est la raison pour laquelle, pendant le temps de la déviation et de notre exil, nous mettons de côté les chants de joie, quoique cependant au samedi de Pâques nous chantions une fois l’alléluia, comme pour nous réjouir dans l’espoir de l’éternelle patrie et comme ayant recouvré la robe d'innocence au sixième âge du monde par l’entremise de J.-C. A cet alléluia on ajoute un trait, qui signifie le travail auquel nous devons nous livrer encore pour accomplir les commandements de Dieu. Le samedi après Pâques que finit la Septuagésime, ainsi qu'il a été dit plus haut, nous chantons deux alléluia ; parce que après que le monde aura` atteint sa limite, nous obtiendrons une double robe de gloire.

La troisième raison de l’institution de la Septuagésime, c'est qu'elle représente les soixante-dix ans pendant lesquels les enfants d'Israël restèrent en captivité à Babylone. Or, de même qu'ils mirent de côté leurs instruments de musique en disant: « Comment chanterons-nous le cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? (Ps. CXXXVI) », de même aussi nous omettons les cantiques de louanges. Mais après que Cyrus leur a eu donné la faculté de revenir, la soixantième année, ils se livrèrent à la joie, et nous aussi, au samedi de Pâques, image de nette soixantième année, nous chantons l’alléluia pour imiter leur joie. Mais cependant, comme ils eurent beaucoup, de peines à faire les préparatifs de leur retour et à rassembler leurs bagages, nous aussi, après l’alléluia, nous ajoutons aussitôt un trait, qui est l’image du travail. Le samedi, jour où finit la Septuagésime, nous chantons deux alléluia pour figurer la joie parfaite qu'ils éprouvèrent en rentrant dans leur patrie.

Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion... Ps 137.
Ce temps de captivité et d'exil des enfants d'Israël est encore l’image de notre pèlerinage ; parce que délivrés après soixante ans de captivité, nous aussi, nous le serons après le sixième âge du monde. Et de même encore qu'ils travaillèrent à rassembler leur bagage, de même aussi nous travaillons à accomplir les commandements de Dieu après notre, délivrance. Mais arrivés dans la patrie, tout travail cessera, la gloire sera parfaite et nous chanterons de corps et d'âme un double alléluia. C'est donc avec raison que, en ce temps d'exil, l’Eglise, tourmentée par une foule de tribulations et placée presque dans l’abîme du désespoir, tire des soupirs du fond du cœur pour crier dans son office : Circumdederunt me gemitus mortis. Des gémissements de mort  m’ont environné. En cela l’Eglise montre les tribulations multiples qu'elle ; éprouve et pour la misère qui l’étreint et pour le double châtiment qu'elle reçoit, et pour a faute commise par quelques-uns de ses membrés.

Mais cependant afin d'éviter le désespoir, en l’Evangile et en l'Épître, sont proposés trois remèdes salutaires et une triple récompense.
Le remède, si elle veut être parfaitement délivrée de ces misères, c'est de travailler à la vigne de son âme, en retranchant les vices et les péchés, ensuite de courir dans la carrière de la vie avec des œuvres de pénitence; enfin de combattre avec vigueur contre toutes les tentations du démon. Que si elle le fait, elle obtiendra une triple récompense ; car, à celui qui aura travaillé, sera délivré le denier ; à celui qui aura bien fourni sa carrière, sera accordé le prix ; à celui qui aura combattu, la couronne.

Or, parce que la Septuagésime est encore l’image de notre captivité, on nous propose un remède par lequel nous pouvons en être délivrés, savoir, par la course, en fuyant, par le combat, en luttant, par le denier, en rachetant.



Croix, détail d'un tapis de chœur de Notre-Dame de Paris



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