vendredi 20 juin 2014

Prière à la sainte Trinité

Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit, l'icône de la Très Sainte Trinité
écrite par saint Andreï Roublev
Unité indivisible, Trinité distincte en une seule nature, Dieu souverain qui vous êtes révélé aux hommes, daignez souffrir que nous osions répandre en votre présence nos adorations, et épancher l'action de grâces qui déborde de nos cœurs, lorsque nous nous sentons inondés de vos ineffables clartés. Unité divine, Trinité divine, nous ne vous avons pas contemplée encore, mais nous savons que vous êtes ; car vous avez daigné vous manifester à nous. Cette terre que nous habitons entend chaque jour proclamer distinctement l'auguste mystère dont la vue est le principe de la félicité des êtres glorifiés dans votre sein. La race humaine a dû attendre de longs siècles avant que la divine formule lui fût pleinement révélée ; mais la génération à laquelle nous appartenons est en possession, confesse avec transport Unité et Trinité dans votre essence infinie. Autrefois la parole de l'écrivain sacré, pareille à l'éclair qui sillonne la nue et laisse après lui l'obscurité plus profonde, traversait l'horizon de la pensée. Il disait : « J'ignore la vraie Sagesse, je n'ai pas la science de ce qui est saint. Quel homme est monté aux cieux et en est redescendu? Quel est celui qui tient dans ses mains la tempête ? Qui retient les eaux comme dans une enveloppe ? Qui a fixé les confins de la terre? Sais-tu quel est son nom ? Connais- tu le nom de son fils ? »




Seigneur Dieu, grâce à votre infinie miséricorde, nous connaissons aujourd'hui votre nom : vous vous appelez le Père, et celui que vous engendrez éternellement s'appelle le Verbe, la Sagesse. Nous savons aussi que du Père et du Fils procède l'Esprit d'amour.

Le Fils, revêtu de notre chair, a habité cette terre et il a vécu au milieu des hommes ; l'Esprit ensuite est descendu, et il reste avec nous jusqu'à la consommation des destinées de la famille humaine ici-bas. Voilà pourquoi nous osons confesser l'Unité et la Trinité; car, ayant entendu le divin témoignage, nous avons cru ; et « parce que nous avons cru, nous parlons en toute assurance. » Recevez donc notre confession en ce jour, Seigneur, comme vous reçûtes celle de votre insigne martyre qui, atteinte à la gorge de trois coups du glaive, baignée dans les flots de son sang généreux, vous envoyait son âme, en marquant, par le geste sublime de ses doigts, qu'elle confessait, dans Rome encore païenne, l’Unité de votre nature et la Trinité de vos personnes.


Vos Séraphins, ô Dieu, ont été entendus par le prophète. Ils chantaient : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur des armées ! » Nous ne sommes que des hommes mortels; mais, plus heureux qu'Isaïe sans être prophètes comme lui, nous pouvons articuler la parole angélique, et dire : « Saint est le Père, Saint est le Fils, Saint est l'Esprit ». Ils soutenaient leur vol par deux de leurs ailes ; de deux autres ils voilaient respectueusement leur face, et les deux dernières couvraient leurs pieds.

Dieu-Père
Nous aussi, fortifiés par l'Esprit divin qui nous a été donné, nous essayons de soulever sur les ailes du désir le poids de notre mortalité; nous couvrons par le repentir la responsabilité de nos fautes, et voilant sous le nuage de la foi l'œil débile de notre intelligence, nous recevons au dedans la lumière qui nous est infuse. Dociles à la parole révélée, nous nous conformons à ce qu'elle enseigne ; elle nous apporte la notion, non seulement distincte, mais lumineuse du mystère qui est la source et le centre de tous les autres. Les Anges et les Saints contemplent au ciel, avec cette ineffable timidité que le prophète a rendue en nous montrant leur regard tempéré sous leurs ailes. Nous, nous ne voyons pas encore, nous ne pourrions voir, mais nous savons, et cette science éclaire nos pas, et nous fixe dans la vérité.

Nous nous gardons de « scruter la majesté », de peur « d'être écrasés sous la gloire » ; mais repassant humblement ce que le ciel a daigné nous révéler de ses secrets, nous osons dire : Gloire soit à vous, Essence unique, acte pur, être nécessaire, infini, sans division, indépendant, complet de toute éternité, tranquille, et souverainement heureux. En vous nous reconnaissons, avec l'inviolable Unité, fondement de toutes vos grandeurs, trois personnes distinctement subsistantes ; mais dans leur production et leur distinction, la même nature leur est commune, en sorte que la subsistance personnelle qui les constitue chacune et les distingue l'une de l'autre, n'amène entre elles aucune inégalité.

O béatitude infinie dans cette société des trois personnes contemplant en elles-mêmes les ineffables perfections de l'essence qui les réunit, et la propriété de chacune des trois qui anime divinement cette nature que rien ne saurait ni borner ni troubler !
O merveille de cette essence infinie, lorsqu'elle daigne agir en dehors d'elle-même, créant des êtres dans sa puissance et sa bonté, les trois personnes opérant de concert, en sorte que celle qui intervient par un mode qui lui est propre, le fait en vertu d'une volonté commune !

Dieu-Fils
Qu'un amour spécial soit donc rendu à la divine personne qui, dans l'action commune aux trois, daigne se révéler plus spécialement aux créatures ; et en même temps, grâces soient rendues aux deux autres qui s'unissent dans une même volonté à celle qui daigne se manifester en notre faveur ! Gloire soit à vous, ô Père, Ancien des jours, innascible, sans principe, mais communiquant essentiellement et nécessairement au Fils et au Saint-Esprit la divinité qui réside en vous !

Vous êtes Dieu et vous êtes Père. Celui qui vous connaît comme Dieu et qui vous ignore comme Père, ne vous connaît pas tel que vous êtes. Vous produisez, vous engendrez, mais c'est dans votre propre sein que vous êtes générateur; car rien de ce qui est hors de vous n'est Dieu. Vous êtes l'être, la puissance; mais vous n'avez jamais été sans un Fils. Vous vous dites à vous-même tout ce que vous êtes, vous vous traduisez, et le fruit de la fécondité de votre pensée, égal à vous-même, est une seconde personne qui sort de vous ; c'est votre Fils, votre Verbe, votre parole incréée. Une fois vous avez parlé, et votre parole est éternelle comme vous, comme votre pensée dont elle est l'expression infinie. Ainsi le soleil qui brille à nos yeux n'a jamais été sans sa splendeur. Cette splendeur est par lui, elle est avec lui ; elle émane de lui sans le diminuer, pas plus qu'elle ne s'isole de lui. Pardonnez, ô Père, à notre faible intelligence d'emprunter une comparaison aux êtres que vous avez créés. Et si nous nous étudions nous-mêmes que vous avez créés à votre image, ne sentons-nous pas que notre pensée elle-même, pour être distincte dans notre esprit, a besoin du terme qui la fixe et la détermine ?

Dieu-Esprit Saint
O Père, nous vous avons connu par ce Fils que vous engendrez éternellement, et qui a daigné se révéler à nous. Il nous a appris que vous êtes Père et qu'il est Fils, et qu'en même temps vous êtes avec lui une même chose. Si un Apôtre s'écrie : « Seigneur, montrez-nous le Père », il répond : « Qui me voit, voit mon Père. »
O Unité de la nature divine, où le Fils, distinct du Père, n'est pas moins que le Père ! O complaisance du Père dans le Fils, par lequel il a conscience de lui-même ; complaisance d'amour intime qu'il proclame à nos oreilles mortelles sur les bords du Jourdain et sur le sommet du Thabor !

O Père, nous vous adorons, mais aussi nous vous aimons : car un Père doit être aimé de ses fils, et nous sommes vos fils. Un Apôtre ne nous enseigne-t-il pas que toute paternité procède de vous, non seulement au ciel, mais sur la terre ? Nul n'est père, nul n'a l'autorité paternelle dans la famille, dans l'Etat, dans l'Eglise, que par vous, en vous, et par imitation de vous. Bien plus, vous avez voulu « que nous fussions non seulement appelés vos fils, mais que cette qualité fût réelle en nous » ; non par génération comme il en est de votre unique Verbe, mais par une adoption qui nous rend ses « cohéritiers ». Votre Fils divin dit en parlant de vous : « J'honore mon Père » ; nous vous honorons aussi, Père souverain, Père de majesté immense, et du fond de notre néant, en attendant l'éternité, nous vous glorifions en union avec les saints Anges et les Bienheureux de notre race. Que votre œil paternel nous protège, qu'il daigne se complaire aussi dans ces fils que vous avez prévus, que vous avez élus, que vous avez appelés à la foi, et qui osent, avec l'Apôtre, vous nommer « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. »

Gloire soit à vous, ô Fils, ô Verbe, ô Sagesse du Père ! Emané de son essence divine, le Père vous a donne naissance « avant l'aurore » ; il vous a dit : « Je t'ai engendré aujourd'hui », et cet aujourd'hui qui n'a ni veille ni lendemain, est l'éternité. Vous êtes Fils et Fils unique, et ce nom exprime une même nature avec celui qui vous produit ; il exclut la création, et vous montre consubstantiel au Père, dont vous sortez avec une parfaite similitude. Et vous sortez du Père, sans sortir de l'essence divine, étant coéternel à votre principe; car en Dieu, rien de nouveau, rien de temporel. En vous, la filiation n'est point une dépendance; car le Père ne peut être sans le Fils, pas plus que le Fils sans le Père. S'il est noble au Père de produire le Fils, il n'est pas moins noble au Fils d'épuiser et de terminer en lui-même par sa filiation la puissance génératrice du Père.

O Fils de Dieu, vous êtes le Verbe du Père. Parole incréée, vous lui êtes aussi intime que sa pensée, et sa pensée est son être. En vous cet être se traduit tout entier dans son infinité, en vous il se connaît. Vous êtes le fruit immatériel produit par l'intellect divin du Père, l'expression de tout ce qu'il est, soit qu'il vous garde mystérieusement « dans son sein », soit qu'il vous produise au dehors. Quels termes emploierons-nous pour vous définir dans votre magnificence, ô Fils de Dieu !


L'Esprit-Saint daigne nous aider dans les livres qu'il a dictés ; nous oserons donc dire dans le langage qu'il nous suggère : « Vous êtes l'éclat de  la gloire du Père, la forme de sa substance. Vous êtes la splendeur de la lumière éternelle, le miroir sans imperfection de la majesté de Dieu, la réfraction de son éternelle bonté. »


Dieu l'Esprit Saint, adoré par les Anges.


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