dimanche 9 mars 2014

1er dimanche de Carême

Saint Alphonse-Marie de Liguori, « Considérations sur la Passion de Jésus-Christ »,
Sainte Trinité, retable, Tarbes.

Chap.1, III, La Mort de Jésus-Christ est notre salut ; elle est un enseignement et un exemple, un motif de confiance et d'amour.

Tâchons donc, âmes fidèles, d'imiter l'Épouse des Cantiques, qui goûtait, disait-elle un doux repos aux pieds de son Bien-Aimé (Ct 2, 3). Mettons-nous fréquemment devant les yeux, surtout le vendredi, Jésus mourant sur la croix ; arrêtons-nous quelque temps aux pieds de ce divin Sauveur et contemplons avec attendrissement les souffrances qu'il endure et l'amour qu'il nous témoigne dans son agonie sur ce lit de douleur

Puissions-nous dire aussi que nous nous sommes reposés à l'ombre de la croix. Oh ! quel heureux repos pour les âmes qui aiment Dieu, au milieu du tumulte de ce monde, des tentations de l'enfer et des craintes qu'on éprouve à la pensée des jugements de Dieu, que de considérer, dans la solitude et le silence, notre tendre Rédempteur agonisant sur la croix, où l'on voit son sang divin couler de tous ses membres percés et déchirés par les fouets, les épines et les clous ! Comme, à l'aspect de Jésus crucifié, notre esprit se dégage de tout désir des honneurs mondains, des biens terrestres et des plaisirs sensuels ! Alors émane de la croix un souffle céleste, qui nous détache doucement des choses de la terre. Ce souffle allume en nous un saint désir de souffrir et de mourir pour l'amour de celui qui a voulu souffrir et mourir pour l'amour de nous.


Si Jésus-Christ, au lieu d'être ce qu'il est, Fils de Dieu et vrai Dieu, notre Créateur et notre souverain Maître, n'était simplement qu'un homme, ah! qui serait insensible à la vue de ce jeune homme de sang noble, innocent et saint, expirant dans les tourments sur un gibet infâme, pour expier, non ses propres fautes, mais les crimes de ses ennemis eux-mêmes, et pour les délivrer par ce moyen de la mort qu'ils ont méritée ? Comment donc un Dieu n'obtient-il pas les affections de tous les cœurs, en mourant dans un abîme d'humiliation et de douleur pour l'amour de ses créatures ? Comment, après cela, ces créatures peuvent-elles encore aimer autre chose que ce Dieu ? Comment peuvent-elles penser à autre chose qu'à se montrer reconnaissantes envers ce tendre bienfaiteur ?

Que ne connais-tu le mystère de la croix ! disait saint André au tyran qui voulait lui faire renier Jésus-Christ parce que Jésus a été crucifié comme un malfaiteur. Oh ! si tu comprenais l'amour que Jésus-Christ t'a porté en daignant mourir sur la croix pour expier tes péchés et t'obtenir une félicité éternelle, sans doute, loin de chercher à me persuader de le renier, tu renoncerais toi-même à tout ce que tu possèdes et espères ici-bas, pour obéir et plaire à un Dieu qui t'a tant aimé ! Telle fut en effet la conduite d'un si grand nombre de Martyrs et d'autres Saints qui ont tout quitté pour Jésus-Christ. Ô honte pour nous ! combien de jeunes vierges ont refusé la main des grands, des princes, avec les richesses et tous les délices de la terre, et se sont empressées de sacrifier leur vie pour répondre par quelque marque de retour à l'amour que leur a témoigné ce Dieu crucifié ! D'où vient donc qu'il y a tant de chrétiens sur qui la passion de Jésus-Christ fait peu d'impression ? Cela provient de ce qu'ils ne s'appliquent point à considérer combien Jésus-Christ a souffert pour l'amour de nous.

Ah ! mon doux Rédempteur, j'ai été moi-même du nombre de ces ingrats ! Vous avez sacrifié votre vie sur une croix pour ne pas me voir perdu ; et moi, j'ai tant de fois consenti à vous perdre, vous qui êtes un bien infini, en perdant votre grâce ! Maintenant le démon, en m'offrant le tableau de mes péchés, voudrait me faire croire que mon salut est devenu trop difficile ; mais, en vous voyant crucifié pour moi, mon Jésus, j'ai la confiance que vous ne me rejetterez pas de votre présence, si je me repens de vous avoir offensé et si je veux vous aimer. Oui, je m'en repens, Seigneur, et je désire vous aimer de tout mon cœur. Je déteste ces plaisirs maudits qui m'ont fait perdre votre grâce. Je vous aime, ô Amabilité infinie, et je suis résolu de vous aimer toujours ! Le souvenir de mes péchés ne servira qu'à m'enflammer d'un plus grand amour pour vous, qui avez daigné me chercher quand je vous fuyais. Non, mon Jésus, je ne veux plus me séparer de vous ni cesser jamais de vous aimer !

Ô Refuge des pécheurs, tendre Marie, vous qui avez eu tant de part aux douleurs votre divin Fils dans sa passion, priez-le qu'il me pardonne et qu'il m'accorde la grâce de l'aimer !



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