samedi 15 février 2014

Dimanche de la Septuagésime

Plafond de la Basilique de l'Agonie, jardin de Gethsémani, Jérusalem
Eduard Bendemann, l'Exil à Babylone, 1832. Illustration du Psaume 137, au bord du fleuve
de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion...
Dès demain, dans la forme extraordinaire de l'unique rite romain, l'Eglise se préparera au Carême (la Quadragésime, la quarantaine de jours avant la solennité des solennités, Pâques) par le temps de la Septuagésime.

Ces 30 jours particuliers, avec la disparition du Gloria in excelcis et de l'Alleluia, en plus des 40 jours du Carême rappellent les 70 ans en Exil du peuple de Dieu déporté à Babylone.
 
Simon Vouet, les Anges portant les
instruments de la Passion, détail, Besançon
Disposons nos cœurs à accueillir la grâce des grâces, Jésus ressuscité qui est venu en ce monde pour nous donner Sa vie, la vie divine. Avec ce temps commence le Cycle qui a pour centre la solennité des solennités : la fête de Pâques.

Le Cycle de Noël est essentiellement dépendant du Cycle Pascal, car si Dieu est descendu jusqu’à nous, c’est pour nous élever jusqu’à Lui. Au Cycle de l’Incarnation, où la liturgie nous montre un Dieu qui se revêt de notre humanité, correspond donc le Cycle de la Rédemption où elle nous montre Jésus qui « nous rend participants de sa divinité ». C’est là « la grande œuvre que le Père a donné à faire à son Fils ». Aussi, l’Église, qui nous a manifesté la Divinité du Christ pendant la première partie de l’année liturgique, nous montre dans la deuxième ce que Jésus a fait pour nous la mériter et nous la communiquer.

Il y aura entre Lui et Satan une lutte violente qui ira s’accentuant durant les trois périodes successives appelées Temps de la Septuagésime, du Carême et de la Passion.

Le Christ est Dieu, la victoire lui est donc assurée. Et nous entrons dans le Temps Pascal où le triomphe du Sauveur sur le démon, la chair et le monde s’affirme par sa résurrection, par son ascension et par la fondation de l’Église à laquelle il envoie l’Esprit-Saint. Et dans le Temps après la Pentecôte, Jésus continue à envoyer cet Esprit vivifiant qui permet à l’Église naissante de se développer au cours des siècles pour atteindre « la plénitude du Christ ».

Après l’accueil enthousiaste fait au Christ à cause de « la gloire divine dont sa face est resplendissante », l’Église nous introduit soudain dans les profondeurs ténébreuses de la déchéance humaine. Comme au Cycle de Noël, elle reprend l’étude de l’Ancien Testament pour nous montrer toutes les grandes figures qui ont annoncé l’œuvre rédemptrice du Christ et dont l’histoire, figurative de celle de Jésus, est bien de nature à nous préparer à la grande fête de Pâques où nous célébrons son triomphe


Relique de la vraie Croix, Basilique du Saint-Sépulcre, dans la
Chapelle du Golgotha, Mater perdolentis

« Interrogez les Écritures, disait Notre-Seigneur, elles vous parlent de moi ». Lex gravida Christo, l’Ancienne Loi est toute remplie de la préoccupation du Messie, car tout chez le peuple de Dieu prédisait et annonçait Jésus. L’Ancien Testament est comme un Évangile anticipé et qui éclaire, d’une lumière singulière, l’histoire du Sauveur.

Le retour des parements violets, couleur de pénitence,
d'attente et du désir de voir le jour du Seigneur.
Jésus répare les torts occasionnés par Adam ; il est pour l’Église le véritable Noé, c’est-à-dire le fondateur d’un peuple nouveau ; il est plus qu’Abraham le chef du peuple que Dieu s’est choisi pour être son peuple ; il est mieux encore que Jacob le protégé et le béni de Dieu ; plus encore que Joseph il rendit le bien pour le mal et mieux que Moïse il délivra son peuple de la captivité du péché et le nourrit du vrai pain descendu du ciel. 

Si l’Église ne suit pas dans le Missel l’ordre historique de la vie de Jésus, elle passe des mystères de son enfance à ceux de sa vie publique et de sa passion et ensuite à ses mystères glorieux. C’est dans cette mentalité générale que nous devons entrer si nous voulons vivre cœur à cœur avec l’Église pendant toute l’année. 

Cette pensée d’associer nos âmes à Jésus dans sa vie de labeurs et d’apostolat, pendant ces neuf semaines préparatoires à Pâques, ressort très nettement de nombreux textes tant des messes que de l’office de ces temps.

La meilleure manière de nous préparer à célébrer les glorieux événements du Temps Pascal n’est-elle pas, en effet, de nous unir au Christ dans les événements douloureux qui commencent avec son ministère ? Car c’est dès ce moment que les ennemis de Jésus commencent à se déclarer et que l’on voit leur haine grandir jusqu’à ce qu’elle obtienne son plein assouvissement par le déicide du Vendredi Saint.

 
Le Titien, le bon larron, saint  Dysmas, se tournant vers Jésus, détail.



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