lundi 3 septembre 2012

3 et 4 septembre - Saint Grégoire le Grand et 1er mardi du mois de Saint Michel Archange


Saint Grégoire le Grand, par Goya
Nous reprenons la bonne habitude des "1ers mardi du mois" et celui-ci n'est pas le moindre, car c'est celui du mois de septembre.
Ce mois est traditionnellement consacré au Prince des armées angéliques. Écoutons S. Grégoire le Grand et ses magnifiques enseignements sur les esprits bienheureux. 


 Extraits de l'Homélie 34

Elle fut prononcée par le Pape S. Grégoire le Grand, dans la basilique des bienheureux Jean et Paul, le 29 septembre 591, samedi des Quatre-Temps, qui tombait, cette année-là, le jour de la Saint-Michel.



10. Puisque nous avons donné quelques mots d’explication sur les noms des anges, il nous reste maintenant à commenter brièvement les termes utilisés pour désigner leurs fonctions.

Par les Vertus, on désigne les esprits par lesquels s’opèrent le plus souvent les signes et les miracles.

Par les Puissances, on désigne ceux qui ont reçu, dans leur ordre, plus de pouvoir que les autres pour soumettre les forces adverses à leur autorité, limiter leur puissance et empêcher ainsi qu’elles ne tentent les cœurs des hommes autant qu’elles le voudraient.

Par les Principautés, on désigne ceux qui commandent aux autres bons esprits angéliques eux-mêmes, qui distribuent à ceux qui leur sont soumis les ordres de tout ce qu’ils doivent faire, et qui les dirigent dans l’accomplissement des missions divines.

Par les Dominations, on désigne les esprits qui dépassent de loin la puissance des Principautés. Car avoir la principauté consiste à tenir le premier rang dans un groupe, tandis que dominer, c’est également avoir chacun des autres sous son autorité. On appelle donc Dominations les troupes des anges qui, par leur puissance admirable, ont le pas sur les autres, du fait que ceux-ci sont tenus de se soumettre à eux par l’obéissance.

Ange à l'orgue. Détail d'un vitrail de l'abbatiale
Saint-Taurin, Evreux.
Par les Trônes, on désigne les milices que préside toujours le Dieu tout-puissant pour exercer la justice en étant assis devant  elles.  Puisque  le  mot  grec  «trône» signifie «siège» en latin, on nomme Trônes de Dieu les esprits qui sont comblés par la grâce divine avec une telle abondance que le Seigneur siège en eux et se sert d’eux pour prononcer ses jugements. C’est pourquoi le psalmiste affirme : «Tu sièges sur un Trône, ô toi qui juges avec équité.» (Ps 9,5).

Chérubin veut dire «plénitude de la science». Les troupes plus élevées sont appelées Chérubins, car ce sont des esprits d’autant plus parfaitement remplis de la science de Dieu qu’ils contemplent sa gloire de plus près ; à leur mesure de créatures, ils ont une connaissance de toutes choses d’autant plus complète qu’ils s’approchent davantage de la vision de leur Créateur, en vertu de leur dignité.

On appelle enfin Séraphins les milices des saints esprits qui brûlent d’un amour incomparable du fait de la proximité singulière où ils se trouvent vis-à-vis de leur Créateur. Séraphin signifie en effet «ardent et brûlant». Ils sont à ce point unis à Dieu qu’aucun autre esprit ne se place entre eux et lui. Ils sont donc d’autant plus embrasés qu’ils le voient de plus près. La flamme dont ils brûlent est assurément celle de l’amour, car leur amour est d’autant plus ardent qu’ils contemplent la gloire de la divinité avec un regard plus pénétrant.


         11. Mais à quoi bon avoir dit ces quelques mots au sujet des esprits angéliques, si nous ne prenons pas la peine de les faire tourner à notre progrès par une réflexion adaptée ? La cité céleste se compose en effet des anges et des hommes, et nous croyons qu’y monteront autant de représentants du genre humain qu’il y est demeuré d’anges élus, ainsi qu’il est écrit : «Il a fixé les limites des peuples d’après le nombre des anges de Dieu.» (Dt 32,8). Il nous faut donc tirer profit pour notre vie des distinctions qui existent entre les habitants de la cité d’en haut, afin de nous enflammer nous-mêmes d’une sainte ardeur à croître dans la vertu. Car s’il est vrai que le nombre des hommes destinés à monter au Ciel est égal à celui des anges qui y sont demeurés, ces mêmes hommes qui retournent à la patrie céleste se doivent d’imiter en quelque chose les milices qu’ils rejoignent là-haut

Les diverses manières de vivre des hommes correspondent bien, en effet, à chacun des ordres des milices célestes, et nous recevons une place dans leurs rangs d’après la similitude de notre manière de vivre avec la leur. 

Ange à la cornemuse. Détail d'un vitrail,
abbatiale Saint-Taurin, Evreux.
Il en est beaucoup qui ne comprennent que d’humbles vérités, mais ne cessent de les annoncer à leurs frères avec bonté: de tels hommes courent rejoindre la troupe des AngesD’autres, fortifiés par les dons de la largesse divine, sont capables de comprendre et d’annoncer les mystères célestes les plus élevés : où les placer, sinon au nombre des Archanges ? D’autres encore réalisent des choses admirables et opèrent des miracles d’une grande puissance : quel est le rang et la place qui leur conviennent, sinon ceux des Vertus d’en haut ? 

Certains obligent les esprits malins à fuir hors du corps des possédés, et les chassent par la vertu de leur prière et de la puissance qui leur a été donnée : avec qui obtiennent-ils de jouir du fruit de leurs mérites, sinon avec les Puissances célestes ?
Il en est qui surpassent, par les vertus qu’ils ont reçues, les mérites des autres élus; meilleurs que les bons eux-mêmes, ils exercent une principauté jusque sur leurs frères élus : en quel groupe prennent-ils rang, sinon parmi les Principautés ?
D’autres dominent si bien en eux tous les vices et tous les désirs, que leur pureté leur donne droit à être appelés des dieux parmi les hommes, comme le Seigneur l’a dit à Moïse : « Vois : je t’ai constitué le dieu de Pharaon » (Ex 7,1) : à laquelle des milices courent-ils se joindre, sinon à celle des Dominations ?

D’autres encore mettent un soin vigilant à se dominer eux-mêmes et une attention toujours en éveil à s’examiner : ne se départant jamais de la crainte de Dieu, ils obtiennent en récompense de leurs vertus le pouvoir de bien juger également les autres. Le Seigneur, tenant à la disposition de leur esprit la contemplation de sa divinité, préside en eux comme de son trône, et il examine par eux les actes d’autrui, réglant toutes choses avec un ordre admirable du haut de son siège. Que sont donc de tels hommes, sinon les Trônes de leur Créateur ? Et où les inscrire, sinon au nombre des Sièges célestes ? Et puisque c’est par eux que la sainte Eglise est régie, même les élus sont habituellement jugés par eux pour leurs actes de faiblesse.

Certains sont remplis d’un tel amour de Dieu et du prochain qu’on les nomme à bon droit Chérubins. Si en effet, comme nous l’avons déjà affirmé, Chérubin veut dire «plénitude de science», et si, comme nous le savons par le témoignage de Paul, « la charité est la plénitude de la Loi » (Rm 13,10), tous les hommes qui aiment Dieu et leur prochain avec une plénitude dépassant celle des autres ont mérité d’être mis au nombre des Chérubins.

Anges musiciens.
Il en est enfin qui sont enflammés par la contemplation des choses d’en haut et aspirent de tout leur désir à leur Créateur ; ils ne souhaitent plus rien en ce monde, ils se nourrissent du seul amour de l’éternité, rejettent tous les biens terrestres, s’élèvent par l’esprit au-dessus de tout ce qui passe ; ils aiment et ils brûlent, et ils prennent leur repos dans cette brûlure même ; ils brûlent en aimant, ils embrasent les autres en leur parlant, et font aussitôt brûler de l’amour de Dieu ceux qu’ils touchent par leurs paroles. Que dire de tels hommes, sinon qu’ils sont des Séraphins ? Leur cœur, changé en feu, éclaire et brûle, puisque tout en tournant les yeux des âmes vers les lumières d’en haut, ils les purifient de la rouille de leurs vices en les faisant pleurer de componction. Oui, ceux que l’amour de leur Créateur enflamme à ce point ont bien reçu vocation à prendre place parmi les Séraphins. 



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