vendredi 14 septembre 2012

14 septembre - Solennité de la Croix glorieuse de NS. Jésus-Christ

Crucifix  du Vendredi Saint de la  Basilique du Saint Sépulcre de Jérusalem
Voilà une solennité de l'Eglise bien paradoxale !

La Croix est un supplice abominable, le pire que l'Antiquité est produit pour faire souffrir dans leur corps et dans leur âme les suppliciés. Après avoir été étendu sur le bois qu'il devait porté, le condamné entièrement nu (pour le faire souffrir de la dérision de la populace déchaînée), était cloué sur la Croix. Bras étendu, il respirait péniblement au point de suffoquer. Pour respirer, il devait pousser sur ses pieds transpercés afin de survivre encore un peu, mais dans quelles souffrances... Et la cruauté humaine n'ayant pas de limites, perdant son sang, il subissait une grave déshydratation, la peine de la soif. 
Voilà ce que nous avons fait subir à Notre Seigneur, doux et humble de coeur ! Et que lui avons nous offert quand Il disait : "J'ai soif" ? Du vinaigre!


Et pourtant, cette Croix est bien glorieuse. Elle est le bois du Salut, irrigué de la sève précieuse du Sang sauveur. Elle est la Porte du Ciel, le Chemin de la Vie qui révèle les coeurs. Comme nous y invite Notre Roi, "Celui qui veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive". Pensons-y quand nous faisons ce si beau signe sur notre corps - marque de notre dignité chèrement acquise par Notre divin Sauveur - et quand nous prions devant cette Croix glorieuse qui - j'espère - orne nos maisons comme nos églises


Écoutons le vénérable abbé Henri Marie Boudon : 

Les outrages, par le Caravage
" Allons mon âme, jusqu'à l'origine du monde ; descendons ensuite de siècle en siècle jusqu'à nos derniers jours. Considérons avec attention ce qui s'est passé dans la loi de nature, dans la loi écrite, et dans la loi de grâce ; et nous verrons bien clairement que la voie de la croix a toujours été le grand chemin royal des élus.

Si je vois un Abel qui est agréable à Dieu, je vois en même temps un Caïn qui le persécute. Il faut qu'un Abraham soit dans la dernière épreuve par l'ordre qu'on lui donne de sacrifier son fils unique. Job sera réduit sur un fumier, dans un délaissement extrême, méprisé de ses amis, moqué de sa propre femme, et dépouillé de tous ses biens et de ses enfants. Moïse a un Pharaon pour l'exercer. David a un Absalon son enfant. Elie a une Jésabel. Tobie perd la vue, et est dans le danger de perdre la vie. Saint Jean-Baptiste a un Hérode qui le fera mourir. Tous les apôtres et disciples sont des gens de croixS'il se rencontre même de petits innocents, la faiblesse de leur âge ne les exemptera pas de ce chemin rigoureux. Parce qu'ils appartiennent particulièrement à Dieu, ils seront tous baignés dans leur sang, et il leur en coûtera la vie, qu'ils ne font presque que de recevoir. En un mot, l'Église chante que tous les saints ont bien souffert

Enfin, mon âme, regarde comme le roi de tous les saints celui qui est la voie, la vie et le modèle de toutes les âmes qui seront sauvées, marche à pas de géant, ou pour mieux dire, cours dans cette voie, depuis le premier moment de sa divine conception, jusqu'au dernier moment de sa vieConsidérez comme la très sainte Vierge, sa bénie mère, lui tient compagnie ; saint Jean l'Évangéliste, son cher favori : sainte Madeleine, sa fidèle amante ; et pour le dire en peu de paroles, tous ceux qu'il a le plus favorisés de son amour. Souvenez-vous, comme l'Écriture l'enseigne (Apoc. VII, 14), que ceux qui ont été agréables à Dieu, ont passé par beaucoup de tribulations, qu'ils ont été faits ses amis par ses épreuves.

"L'invention" (c'est à dire la découverte)
de la Sainte Croix par sainte Hélène, à Jérusalem
Grande sûreté donc pour tous ceux qui vont par ce chemin, puisque c'est le grand chemin royal du salut : celui qui y marche, est bien en assurance. Ô âme, qui que tu sois, pourquoi t'affliges-tu dans cette voie de la croix ? Il me semble que j'entends tous les bienheureux, qui savent si bien les routes certaines de la glorieuse éternité, te crier : Ne craignez point, vous êtes bien, vous allez bien, vous tenez le grand chemin royal du ciel
("Les saintes voies de la Croix", livre premier, chap.3, La voie de la Croix est le grand chemin royal de la bienheureuse éternité

On a bien recherché en quel lieu du monde est le paradis terrestre, et fort inutilement. Sans tant de recherches, le voilà tout trouvé. Il ne faut pas aller loin pour faire une si heureuse découverte. Avez-vous trouvé à souffrir, vous avez trouvé le paradis de la terre. Cette proposition peut-être semblera de prime abord surprenante, mais elle n'en est pas moins assurée. Il n'y a personne qui puisse nier qu'il n'y a point d'autre véritable paradis que Dieu seul, et que c'est dans sa seule union que l'âme trouve sa parfaite félicité. C'est une vérité constante pour le ciel et pour la terre, avec néanmoins cette différence, que l'union avec Dieu dans le ciel est dans son terme ; qu'elle n'augmente plus et est exempte de toute peine ; et, qu'au contraire, l'union avec Dieu en cette vie peut augmenter et croître de plus en plus ; ce qui ne se fait pas sans difficulté, à raison des obstacles que nous y avons. Or, comme les croix sont le grand moyen qui éloigne de nous les empêchements à l'union divine, nous retirant de l'être créé pour nous unir à l'incréé, on peut bien dire qu'elles sont le paradis de ce monde, puisque, par elles, nous sommes unis à Dieu seul, notre centre et notre fin. "
("Les saintes voies de la Croix", livre premier, chap.8, Les croix sont le paradis de la terre)


Statue reliquaire du Bx. Bartolomeo Longo, Pompéi


C'est aussi aujourd'hui une grande solennité pour l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Que cette solennité ne nous fasse pas oublier la Croix que portent douloureusement nos frères chrétiens du Proche et Moyen Orient, comme de toutes les régions du monde où ils sont persécutés. Prions aussi pour Notre Saint Père le Pape Benoît XVI qui est au Liban. Et que la prière du Chevalier nous soutienne, comme elle soutenait la foi du Bienheureux Bartolomeo Longo, fondateur du Sanctuaire de la Bienheureuse Marie - Reine du Saint Rosaire, à Pompéi :

Seigneur, par Tes cinq plaies que nous portons sur nos insignes, nous Te prions. Donne-nous la force d'aimer tous les êtres du monde que Ton Père a créés et, encore plus que les autres, nos ennemis.
Délivre notre esprit et notre coeur du péché, de la partialité, de l'égoïsme et de la lâcheté pour que nous soyons dignes de Ton sacrifice.
Fais descendre sur nous, Chevaliers et Dames du Saint Sépulcre, Ton Esprit, afin qu'il fasse de nous des ambassadeurs convaincus et sincères de paix et d'amour parmi nos frères et, en particulier, parmi ceux qui pensent ne pas croire en Toi. Donne-nous la Foi pour affronter toutes les souffrances de la vie quotidienne et pour mériter un jour de parvenir humblement, mais sans crainte, devant Toi. Amen.

Armoiries de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Comme celles de France, ce sont les Anges qui supportent l'écu couronné du heaume
des Chevaliers et de la Sainte Couronne d'épines. 



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