mercredi 22 août 2012

22 août - Couronnement de Marie

Marie - Reine au Coeur immaculé
Nous célébrons aujourd'hui le couronnement de la Vierge Marie, 5e mystère glorieux du chapelet. 
Conçue Immaculée dans le sein de sainte Anne pour être le parfait tabernacle du Sauveur, Mère de Dieu et Mère des hommes, Maîtresse de charité et de compassion, Modèle des Saints, Reine des Anges, montée au ciel avec son corps et son âme dans sa glorieuse Assomption, elle est aujourd'hui couronnée par la Trinité Sainte comme Reine de l'univers, elle dont le Coeur immaculé bat pour ses enfants en priant pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort.
Remercions le vénérable Pie XII de nous avoir donné cette si belle fête, remercions Marie de ne pas nous oublier dans cette vallée de larmes où nous soupirons en désirant le Ciel.



Sermon 7 de saint Amédée de Lausanne (+1159)

La mort et l’Assomption de Marie

Tandis que je médite et que très souvent je reviens en esprit sur l’assomption de la mère de Dieu, une question se présente à moi, digne d’examen, utile à résoudre et qui vous paraîtra très douce, une fois communiquée. On se demande en effet pourquoi, lors de l’ascension du Seigneur, sa mère, qui l’entourait d’une telle affection, ne l’a pas suivi aussitôt. Aucune ombre de péché ne l’avait ternie, aucune tache n’avait éclaboussé sa vie ; sa charité la rendait plus ardente qu’un brasier, sa chasteté plus brillante que la lumière, son enfantement virginal inouï plus éclatante même que les habitants des cieux : il paraît donc étonnant qu’elle n’ait pas été aussitôt entraînée dans les airs avec son Fils.

(...) Qu’y a-t-il en effet d’aussi aimable, aussi beau et d’aussi délectable que voir la mère du Créateur et Rédempteur de tous ? Si l’on désire tant voir de ses yeux le sépulcre de notre Rédempteur ; si la pierre sur laquelle a reposé la sainte tige de Jessé exerce un si puissant attrait et jouit d’une telle renommée qu’elle appelle à soi les affections et les pensées de tous et, par un charme religieux attire tout à soi ; quelle joie et de quelle qualité n’était-ce pas de voir la mère de Dieu tant que la tendresse divine permit qu’elle restât avec nous sur la terre, selon le sort commun ?

Bienheureuse nation, heureuse génération qui mérita d’être illuminée d’un tel spectacle ! Oui, bienheureuse cette génération fidèle et joyeuse au milieu de laquelle a été planté l’arbre qui produit le fruit de vie, a brillé la mère de la lumière véritable, a paru ce puits fermé et scellé dont est sortie la source de la maison de David, ouverte pour la purification des péchés et des souillures. Cet insigne privilège, ce don céleste, cette grâce spéciale ont été accordés à l’Église des premiers chrétiens.

(...) Présente dans la chair, elle goûtait donc par avance les prémices du royaume à venir, tantôt s’élevant vers Dieu en une ineffable sublimité, tantôt condescendant au prochain en une indicible charité. D’une part, elle était entourée par les hommages des anges ; d’autre part elle était vénérée par le service des hommes. L'archange Gabriel l’assistait parmi les anges et Jean, heureux de s’être vu confier auprès de la croix, à lui vierge, la Vierge mère, la servait ainsi que les autres apôtres. Ils se réjouissaient de voir, les uns leur reine, les autres leur maîtresse et tous s’empressaient dans un affectueux dévouement.

(...) Et maintenant, qui célébrera dignement les louanges de sa très sainte assomption ? Qui pourra dire avec quel bonheur elle sortit de son corps (*), avec quel bonheur elle vit son Fils, avec quelle joie elle s’avança vers le Seigneur, entourée des choeurs des anges, portée par le zèle empressé des apôtres, alors qu’elle contemplait le Roi dans sa beauté et voyait son enfant l’attendre dans la gloire, libre de toute peine comme elle avait été exempte de toute tache ? Elle quitta la demeure de son corps pour demeurer éternellement avec le Christ. Elle passa dans la vision de Dieu et son âme bienheureuse, plus brillante que le soleil, plus élevée que le ciel, plus noble que les anges, elle l’exhala vers le Seigneur. Certainement, son glorieux trépas fait la gloire du mont Sion où, au terme de ses jours, elle mourut dans une heureuse vieillesse. C’est là qu’elle acheva le don de sa vie, donnant à toutes ses vertus un parfait accomplissement. C’est là que, naissant plus que mourant, passant plus que trépassant, elle est accueillie par les armées de Dieu et les troupes de la milice céleste s’élancent au-devant d’elle.


Assomption, XIXe

(...) C’est pourquoi le Seigneur, présent quand elle sortait de son corps, proclame ainsi ses louanges : « Tu es toute belle, ô ma mère et il n’y a pas de tache en toi. Tu es toute belle, dit-il : belle dans tes pensées, belle dans tes paroles, belle dans tes actions, belle depuis ta naissance jusqu’à ta mort, belle dans la conception virginale, belle dans l’enfantement divin, belle dans la pourpre de ma passion et remarquablement belle dans l’éclat de ma résurrection. Lève-toi donc, mon amie, ma colombe, ma belle, mon immaculée et viens ! Car déjà est passé l’hiver de mon absence, la pluie de tes larmes s’en est allée et a cessé. Au retour du soleil, les fleurs angéliques paraissent pour toi. Ta voix, ô très chaste colombe, a été entendue. Le temps de l’assomption est arrivé

Lors donc que la Vierge des vierges était conduite par son Dieu et Fils, le Roi des rois, dans l’allégresse des anges, la joie des archanges, parmi les acclamations du ciel, alors s’accomplit la prophétie de David disant au Seigneur : « La reine se tient à ta droite, dans un vêtement d’or et des ornements variés ». Alors, selon la parole de Salomon, « les jeunes filles se sont levées et l’ont proclamée bienheureuse et les reines à leur tour ont chanté sa louange ». « Qui est celle-ci, disent les vertus célestes, qui monte toute blanche, appuyée sur son Bien-Aimé ? » Et encore : « Qui est celle-ci qui monte comme un lever d’aurore, belle comme la lune, brillante comme le soleil ? » Elles disaient aussi : « Qui est celle-ci qui monte à travers le désert, comme une colonne de fumée s’élève des parfums de myrrhe et d’encens et de toutes les poudres de parfumeur ? » Pour nous, cette splendeur est nouvelle et admirable ; nouvelle et glorieuse, cette façon de monter ; nouveau et délicieux, ce parfum très suave.

Entraînée parmi de telles louanges, elle non plus ne pouvait cesser de louer, elle qui voyait le Fils de Dieu, né d’elle, siéger à la droite de la majesté du Père et la prendre avec lui dans la gloire. « Tu as tenu, dit-elle, ma main droite et tu m’as conduite selon ta volonté et dans la gloire tu m’as reçue. » Et encore : « Il se tient à ma droite pour que je ne sois pas ébranlée. C’est pourquoi mon coeur s’est réjoui et ma langue a exulté ». Bien plus, ma chair aussi repose dans l’espérance. Car tu ne m’as pas laissée dans le monde et tu ne permettras pas que le corps de ta mère voie la corruption.

(...) Élevée au milieu des acclamations de joie et de louange, elle est donc placée, première après Dieu, sur un trône de gloire, au-dessus de tous les habitants du ciel. Là, ayant retrouvé la substance de sa chair - car il n’est pas permis de croire que son corps ait connu la corruption et revêtue d’une double robe - elle contemple des yeux de l’âme et du corps l’Homme-Dieu dans ses deux natures, avec une ardeur d’autant plus vive que sa vision est plus limpide entre toutes.

Enluminure : le Couronnement de Marie
Puis, s’abaissant vers le genre humain avec une indicible charité et tournant vers nous ces yeux si miséricordieux qui sont la lumière du ciel, elle fait monter une prière universelle pour le clergé et le peuple, hommes et femmes, vivants et morts. Du ciel, la Vierge toute glorieuse nous vient en aide ici-bas et par sa prière toute puissante, elle chasse tous les maux et donne tous les biens ; pour tous ceux qui la prient du fond du coeur, elle se fait leur protection pour la vie présente et pour la vie future. Se rappelant bien pour quel but elle est devenue mère du Rédempteur, elle accueille très volontiers les prières de tout pécheur et implore auprès de son Fils pour toutes les fautes des pénitents. Assurément, elle obtiendra ce qu’elle voudra, cette mère chérie, elle dont les très chastes entrailles ont été le chemin par où le Verbe de Dieu est venu jusqu’à nous pour laver dans son sang les souillures du monde et la caution de l’antique péché : Jésus-Christ, notre Seigneur, qui vit et règne avec Dieu le Père dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen.



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      (*) Le Pape Pie XII déclarait dans sa bulle proclamant le dogme de l'Assomption, Munificentissimus Deus : Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste

Le vénérable Pape refusa de se prononcé en faveur, ou non, de la simultanéité de l'assomption du corps et de l'âme de la Très Sainte Vierge Marie. Pour la majorité des théologiens latins, au terme de sa vie terrestre, Marie serait montée, corps et âme au Ciel. 

Au contraire, nos frères orthodoxes, comme une partie des théologiens latins dont saint Amédée de Lausanne, croient que Marie se serait d'abord endormie (la Dormition et non la mort, conséquence du péché originel). Son âme aurait alors été emportée au Ciel par son Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus-Christ, avant d'unir l'âme de sa sainte Mère à son corps glorifié, trois jours après... Marie serait donc la première ressuscitée, corps et âme au Ciel.

Quoique les opinions des théologiens divergent, le "résultat" est le même : Notre Dame règne dans les cieux, corps et âme, glorifiée de la gloire même de Dieu, intercédant pour nous, comme Reine de l'univers et Médiatrice de toute grâce. 


Van der Goes, La Dormition de Notre Dame


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