mercredi 25 janvier 2012

25 janvier - Fête de la Conversion de saint Paul, Apôtre des gentils

Au terme de cette grande semaine de prière pour l'unité des Chrétiens, l'Eglise nous offre en méditation cette belle fête, la Conversion de saint Paul. Comme le Seigneur Jésus ne cesse de nous y inviter : "Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle". C'est ainsi que nous serons les véritables témoins de l'Amour de Dieu et que l'unité se fera.


De la Légende dorée, par Mgr Jacques de Voragine

            La conversion de saint Paul eut lieu l’année même que Jésus-Christ fut crucifié et que saint Etienne fut lapidé, non pas dans l’année, selon la manière ordinaire de compter, mais dans l’intervalle d'une année ; car Jésus-Christ fut crucifié le 8 avant les calendes d'avril (25 mars), saint Étienne fut lapidé le 3 août de la même année et saint Paul fut converti le 8 avant les calendes de février (25 janvier).

            Maintenant pourquoi célèbre-t-on sa conversion plutôt que celle des autres saints : on en assigne ordinairement trois raisons. La première pour l’exemple ; afin que personne, quelque grand pécheur qu'il soit, ne désespère de son pardon, quand il verra celui qui a été si coupable dans sa faute, devenir dans la suite si grand parla grâce.
La seconde pour la joie ; car autant l’Église à ressenti de tristesse à cause de sa persécution, autant elle reçoit d'allégresse à cause de sa conversion.
La troisième pour le miracle que le Seigneur manifesta en lui ; quand du plus barbare persécuteur il fit le plus fidèle prédicateur.

La Conversion de saint Paul, par Paul Rubens
       En effet, sa conversion fut miraculeuse du côté de celui qui l’a faite, du côté de ce qui l’y a disposé, et du côté de celui qui en est le sujet. Celui qui fit cette conversion, c'est Jésus-Christ ; en cela il montra : 1° son admirable puissance, quand il lui dit : « Il vous est dur de regimber contre l’aiguillon » et quand il le changea si subitement, ce qui lui fit alors répondre : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Sur ces paroles saint Augustin s'écrie : « L'agneau tué par les loups a changé le loup en agneau, déjà il se prépare à obéir, celui qui auparavant était rempli de la fureur de persécuter »
            2° il manifesta en cela son admirable sagesse ; car il abattit l’enflure de son orgueil, en lui inspirant les bassesses de l’humilité, mais non les splendeurs de la majesté. « C'est moi, dit-il qui suis ce Jésus de Nazareth que tu persécutés » La glose ajoute : « Il ne dit pas qu'il est Dieu, ou même le Fils de Dieu, mais : accepte les bassesses de mon humilité et dépouille-toi des écailles dont te couvre ton orgueil »
         3° Il lui témoigne une clémence extraordinaire ; ce qui est évident puisque, au moment où Paul était dans l’acte et dans la volonté de persécuter, Dieu opère sa conversion. En effet, quoique avec une affection désordonnée ; puisqu'il ne respirait que menaces et carnage, quoique se livrant à des essais criminels, puisqu'il vint trouver le grand' prêtre, comme s'il s'immisçait de lui-même en cela, quoique dans le fait même d'un acte coupable, puisqu'il allait chercher les prisonniers pour les amener à Jérusalem, et qu'ainsi le but de sa démarche fut détestable, cependant ce pécheur-là même est converti par la divine miséricorde.

            Secondement, cette conversion fut miraculeuse du côté de ce qui l’y disposa, savoir, la lumière. En effet, cette lumière fut subite, immense, et venant du ciel : « Et il fut tout d'un coup environné d'une lumière qui venait du ciel » dit l’Ecriture (Ac IX). Car Paul avait en lui trois vices : le premier, c'était l’audace ; ces paroles des Actes en font foi : « Il vint trouver le grand prêtre » et la glose porte : « Personne ne l’y avait engagé, c'est de lui-même, c'est son zèle qui le pousse » Le second, c'est l’orgueil ; et on en a la preuve par ces paroles : « Il ne respirait que menaces et carnage » Le troisième, c'était l’intelligence charnelle qu'il avait de la loi. Ce qui fait dire à la glose sur ces paroles : « Je suis Jésus. Je suis le Dieu du ciel ; c'est ce Dieu qui te parle, ce Dieu que tu crois, comme les juifs, avoir éprouvé la mort » Donc cette lumière divine fut subite, pour frapper d'épouvante cet audacieux ; elle fut immense, pour abîmer ce hautain, ce superbe, dans les profondeurs de l’humilité : elle vint du ciel pour rendre céleste cette intelligence charnelle. Ou bien encore, trois moyens disposèrent ce prodige : 1° la voix qui appelle ; 2° la lumière qui brille et 3° la force toute puissante.

            Troisièmement, cette conversion fut miraculeuse du côté de celui qui en est le sujet, c'est-à-dire, du côté de Paul lui-même qui fut converti. Dans sa personne, il y eut trois miracles : opérés extérieurement son renversement, et son aveuglement, et son jeûne de trois jours, car il est renversé, pour être relevé de cet état d'infirmité où il gisait. Saint Augustin dit : « Paul fut renversé pour être aveugle ; il fut aveuglé pour être changé ; il fut changé pour être envoyé ; il fut envoyé pour que la vérité se fît jour » Le même père dit encore : « Le cruel fut écrasé et devint croyant ; le loup fut abattu et il se releva agneau le persécuteur fut renversé et il devint prédicateur; le fils de perdition fut brisé et il est changé en un vase d'élection. Il est aveuglé pour être éclairé, dans son intelligence pleine de ténèbres » Aussi est-il dit que, pendant ces trois jours, il resta aveugle, parce qu'il fut instruit de l’Evangile. En effet il n'a pas reçu l’Evangile de la bouche d'un homme, ni par le moyen de l’homme ; il l’assure lui-même, mais il l’a reçu de Jésus-Christ même qui le lui révéla. Augustin dit ailleurs : « Paul, je te proclame le véritable athlète de Jésus-Christ qui l’a instruit, qui l'a oint de sa substance avec lequel il a été crucifié ; et qui se glorifie en lui ». Il eut sa chair meurtrie, pour que cette même chair fût disposée à embrasser les généreux desseins : En effet, dans la suite, son corps fut parfaitement apte à toutes sortes de bonnes œuvres ; car il savait vivre et dans la pénurie et dans, l’abondance ; il avait éprouvé de tout, et il supportait volontiers toutes les adversités. Saint Chrysostome dit : « Il regardait comme des moucherons les tyrans et les peuples qui ne respiraient que la fureur; la mort, les tourments, et des milliers de supplices, il les prenait pour jeux d'enfants. Il les accueillait de son plein gré, et il retirait plus de gloire des chaînes dont il était lié, que s'il eût été couronné de précieux diadèmes. Il recevait les blessures avec plus de bonne grâce que les autres ne reçoivent les présents »

            Ou bien encore ces trois états peuvent être opposés aux trois autres états de notre premier père. Celui-ci se leva contre Dieu ; saint Paul au contraire fut renversé par terre. Les yeux d'Adam furent ouverts ; saint Paul au contraire devint aveugle. Adam mangea du fruit défendu, saint Paul s'abstint de manger une nourriture légale.

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