lundi 1 février 2010

Florilège boudonien

Nous commençons notre petit recueil de pensées boudoniennes... par la partie la plus importante de la vie du grand-archidiacre : sa persécution (1665-1674). Fervent opposant aux Jansénistes, l'abbé Boudon va souffrir à cause d'eux une dure persécution dès le retour de Rome de son évêque, Mgr de Maupas du Tour.



« Notre bon Prélat me décrie ici à Paris de tous côtés ; il faut le laisser faire, le bien honorer, en dire du bien, et demeurer en repos. Notre paix sera solide si nous la mettons dans la Croix, puisque c’est par le mystère de la Croix que toutes choses ont été pacifiées ; elle est, ma chère fille, notre unique espérance, comme le chante l’Église : il est doux d’y vivre, il est encore plus doux d’y mourir, et nous n’avons plus que faire au monde quand nous cessons de souffrir. Le Prélat fait ce qu’il peut pour m’obliger à quitter mon Bénéfice ; mais jamais je n’ai ressenti plus d’ardeur pour le conserver. La Croix ne nous doit pas faire quitter les lieux où nous la portons ; c’est bien au contraire : s’il y a quelque chose qui nous y doive arrêter, c’est la souffrance. J’espère de la très-sainte Mère de Dieu, et des saints Anges, et de nos Patrons, qu’on en verra en temps et lieu les fruits précieux. Je vous prie de faire dire 9 Messes à S. Michel, à commencer le 1er jour de Mars qui sera, à ce que je pense, le 1er Mardi de Carême, en l’honneur des saints Anges du Diocèse, et de celui qui garde le Prélat, et du mien. Je vous prie aussi d’aller, une fois la semaine, à saint Taurin, pour lui recommander l’affaire de mon Bénéfice ».

Lettre de M. Boudon (17 février 1666, au plus fort des persécutions) à Anne Lefèvre.

« O Dieu ! Quelle proposition me fait-on ! L’on me parle d’une pension, et l’on ne dit rien de l’intérêt de Dieu. Que je quitte le bénéfice, à la bonne heure, s’il y va de Sa gloire : mais qu’on le donne au plus digne, et quand il n’y aurait rien du tout à me donner pour pension. Si c’est un bénéfice où il y ait plus de coups de bâton à avoir, ou d’autres croix à souffrir, on y pourrait penser ».
M. Boudon, De la sainteté de l'état ecclésiastique

« M. de Maupas, après avoir consulté un grand nombre de savants, et ceux surtout qui étaient le plus au fait des matières bénéficiales, vit clairement qu’on le jetait dans un labyrinthe dont il aurait peine à sortir. Ainsi, malgré qu’il en eût, il laissa Boudon en place, bien résolu de le pousser si vivement qu’il l’obligerait enfin de lâcher le pied de lui-même et à quitter son poste. C’est ce qu’il fit avec tant de chaleur, que ceux qui surprirent sa confiance, mériteront à jamais l’indignation de tous les siècles ».
P. Pierre Collet, Vie de H.-M. Boudon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire